Quelles sont les origines diverses des dessins présentés dans Daisies ? Seules certaines illustrations sont légendées.
À la base, j’avais fait quelques affiches pour divers festivals départementaux sur la musique, les contes, etc.. J’ai eu la possibilité de les reprendre pour en faire un livre (ce sont certaines des grandes images en couleur) en les accompagnant de leurs roughs et des différentes recherches que je proposais au “client”, le Conseil général de Charente. Et autour de ça, j’ai mis les petits dessins et autres digressions faits en amont et en aval (par plaisir) autour des thèmes des affiches.
Enfin, j’ai ajouté au livre une “réinterprétation” de croquis, faits pour une boite d’animation, qui n’avaient pas convenu mais que j’aimais bien. Sinon, je n’aime pas parler de mon travail, d’où l’absence de légende la plupart du temps.
Pourquoi avoir intitulé les chapitres comme des pâtisseries italiennes ? C’est un clin d’œil à Barbara Canepa (co-directrice de la collection Métamorphose, d’origine génoise) ? Et est-ce que les noms ont un sens particulier par rapport aux dessins ?
Pour ce qui est des noms de confiseries italiennes, c’est sûr, mon amitié pour Barbara a joué un rôle ! Mais aussi, ces noms sont pour moi une vrai évocation des douceurs sucrées et régressives…
Je trouvais que ce côté sucré allait bien avec ces dessins. Comme de la chantilly sur une gaufre !
Et puis, après tout, ça aurait été un peu bêta de mettre “cirque” ou “fééries” ou autre ! Les lecteurs sont bien capables de voir ce dont il s’agit, non ?
D’où vient ce goût, cette fascination peut-être, pour le dessin animalier ?
J’ai grandi dans un environnement de nature très présente. Je n’ai rencontré mes congénères enfants qu’a cinq ans. Du coup, les animaux que je côtoyais sans appréhension étaient bien plus mon ordinaire… Et puis, j’ai toujours voulu poursuivre des études de biologie… Hélas, la faute aux mathématiques, j’ai dû me rabattre sur le dessin… Mais j’ai quand même gardé les animaux aussi proches que possible… sur le papier !
Il y a toujours un petit côté inquiétant dans vos dessins, même quand ce sont des enfants et des animaux. Est-ce une volonté consciente ? D’où ça vient, chez vous ?
Il n’y a que très peu de volonté consciente dans mon dessin, il me semble ! C’est bien ça qui est intéressant : le regard des autres y trouve des choses étonnantes parfois, que l’on peut reconnaître, ou bien des choses complètement insensées. Le dessin est riche de n’avoir pas de vocabulaire propre en grande partie, mais un grand pouvoir d’évocation…
Le côté inquiétant, peut-être, c’est que j’essaie de mettre autant de vie que possible dans un personnage. Et, sans doute, cela appelle son pendant de mortalité contenu dans tout vivant… Je le vois comme ça, mais maintenant, hein…
Il y a également un côté victorien, "lewis carollien". C’est une inspiration importante pour vous ?
C’est franchement pas à ça que je pense quand je dessine. Mais peut-être que mes lectures enfantines continuent de peupler une partie de mon cerveau, ressortant sans que je ne m’en aperçoive !…
Le dernier chapitre aborde le cirque. C’est un univers qui vous plait particulièrement ?
En fait, je n’aime pas particulièrement le cirque ! J’avais une affiche à faire sur ce thème, associé à la notion des arts de la rue, etc. Alors, j’ai essayé de trouver des sujets qui m’amusaient autour de ça… mais c’est tout !
Pourquoi ne pas avoir fait une BD pour la collection Métamorphose ?
Parce que ça s’est trouvé comme ça ! J’avais fait un carnet avec certains de ces dessins pour un éditeur américain (Stuart NG Books). L’occasion d’en faire un gros livre, plus fourni, pour le marché français, avec Barbara et Clothilde Vu [les deux directrices éditoriales de Métamorphose, ndlr] s’est présentée. Je ne pouvais pas demander mieux !!!
De manière plus générale, pourquoi avoir arrêté la BD ?
Je suis une dessinatrice à la base… Mais voilà, quand on commence par quelque chose en France, on est sensé toujours faire la même chose ! Ça fait cliché, mais c’est un peu vrai, non ?
J’ai la chance, dans ce métier qu’est le dessin, de pouvoir choisir tel ou tel support, en fonction de mes envies, de ce que je sais faire, en bref de pouvoir aller là ou je me sens à l’aise ! C’est comme si vous disiez : “pourquoi avoir arrêté l’animation” : parce que je n’ai pas eu l’occasion de bosser sur un projet d’anim depuis deux ans… Je ne suis pas carriériste. Je vais juste où le vent me porte, du moment qu’il est doux !
Et justement, quels sont vos prochains projets ?
Pour les projets, il doit y avoir des choses écrites à droite à gauche…
J’en parle pas, ça porte la poisse (sourire).
(par Thierry Lemaire)
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