Remettez-vous dans l’époque : l’histoire paraît dans Pilote en 1967. La France est gouvernée par un général dont les grands gestes remplissent l’écran de la seule chaine de TV de l’époque : l’ORTF. La Cinquième République toute fraîche achève de liquider ses colonies et, de ce fait, le service national qui a certes été réduit en 1965 à l’issue des « événements » d’Algérie est encore de 16 mois. Une plaie pour les enfants du Baby-Boom qui doivent faire leurs classes dans ces années-là.
Arrive Astérix avec son impertinence habituelle qui égratigne quelque peu l’institution militaire. Ce n’est pas pour déplaire aux nombreux bidasses alors sous les drapeaux. Du fait de cet album sans doute, mais pas seulement, cette année-là, Astérix bat tous les records de vente et devient, la couverture de L’Express parue en septembre 1967 en témoigne : un « phénomène » .
Le Gaulois doit aller récupérer un des siens -Tragicomix- enrôlé de force dans l’armée romaine. Mais voilà, on n’entre pas comme cela dans l’armée de César qui est en train de réunir ses troupes en Afrique du Nord afin d’affronter Scipion l’Africain.
Il s’agit qui plus est l’une des planches-clé de l’album, la planche 32 (elle a d’ailleurs inspiré la couverture), qui décrit l’arrivée des Gaulois dans le campement de Jules César. La formation des conscrits a été un désastre pour le centurion Hôtelterminus devenu GO d’une légion étrangère un peu spéciale dont la plupart des membres se croient en vacances.
C’est sans doute l’un des meilleurs récits de René Goscinny qui, grâce à cette armée de conscrits venus de tout l’empire et au-delà, attaque les clichés racistes. On y retrouve une des locutions latines les plus célèbres des pages roses du Petit Larousse : Quo Vadis ? (« Qui va là ? »), titre d’un roman célèbre.
La planche est celle d’un Albert Uderzo au sommet de son art, propre, quasiment sans repentir, toujours impeccable dans la gestion des focales. Le calvaire d’Hôtelterminus n’est pas fini : alors qu’il arrive au terme de sa mission, sa troupe est dans la nature. D’où ses chaudes larmes que son collègue pense -gag récurrent dans l’abum- être un chagrin d’amour.
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La planche est restée dans son cadre d’origine, sous-verre, entourée d’un passe-partout, en bas à droite duquel figure la signature d’Albert Uderzo précédée de la dédicace "A Claude et Annette avec toute mon amitié". Il s’agit d’un couple avec lequel Albert Uderzo avait sympathisé, après que le mari ait travaillé pour lui en tant qu’architecte, à qui il offrit donc cette planche originale. Format : 37.5 x 47.5 cm. (14.76 x 18.7 in.)
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