Début des années 1930, après la Russie, l’Amérique, l’Egypte, la péninsule arabique et l’Inde, Hergé s’apprête à envoyer son héros en Chine et l’annonce dans Le Vingtième Siècle qui prépublie alors son personnage.
Aussitôt un père jésuite, dont l’ordre est très actif dans l’Empire du milieu, lui écrit une lettre exhortant le dessinateur bruxellois à sortir des clichés sur la Chine et l’invitant à rencontrer un jeune Chinois qui le conseillera sur les représentations de son pays d’origine.
C’est ainsi qu’Hergé rencontre Tchang Tchong-jen (ou Zhang Chongren), jeune étudiant aux Beaux-Arts de Bruxelles, une rencontre qui va très vite se constituer en amitié.
Le jeune étudiant va bouleverser la carrière artistique du maître bruxellois : d’abord en l’initiant au dessin chinois et japonais, fondateur de cette fameuse « Ligne claire » dont il fera sa marque de fabrique. À dater du Lotus Bleu, tout sera réfléchi, posé, organisé, documenté. Toutes les calligraphies en chinois de l’album sont d’ailleurs de la main de Tchang lui-même.
Mieux, Tchang devient un personnage de l’album ! Mais lorsque Hergé entreprend de le réutiliser dans Tintin au Tibet à la fin des années 1950, il est sans nouvelles de lui depuis l’avant-guerre. C’est qu’entre temps, la révolution communiste a pris le pouvoir en Chine et Tchang avait disparu dans les profondeurs tragiques de l’histoire.
Mais en 1981, Hergé retrouve sa trace et le fait revenir en Europe. Tchang a l’occasion de revoir Hergé peu de temps avant sa disparition en 1983. Tchang reste dès lors en France (il est enterré à Nogent-sur- Marne) et, réhabilité en Chine, un musée lui est consacré à Shanghaï.
C’est cette aventure, cette amitié unique, qui est racontée dans cette exposition niçoise rassemblant des documents rares et précieux jamais vus jusqu’ici en France. Une exposition jumelle d’une autre sur Hergé et l’Art dont on vous reparle bientôt.
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