Quel est votre rapport avec la bande dessinée ?
En Norvège, dans mon enfance, je n’en lisais pas, je n’en ai pas le souvenir, sinon de très anciennes histoires pour enfants qui devaient être les ancêtres de la bande dessinée, mais j’en ai lues comme jeune femme, entre les années 1970 et 1980.
Lesquelles en particulier ?
Laissez-moi me souvenir... Évidemment les classiques. En arrivant en France en 1964, dans mon premier boulot, on m’avait dit : "il faut que tu lises Astérix pour comprendre la France !" Donc, j’avais lu à cette époque là Tintin et Astérix, et plus tard les bandes dessinées d’Hugo Pratt, par exemple.
Quand on vous caricature dans une bande dessinée, ça vous fait plaisir ?
Je trouve cela très drôle. Les caricatures sont vraiment les bienvenues, cela fait partie de la vie publique. Je pense par exemple que ma caricature des Guignols sur Canal + est très drôle, cela fait partie de mon personnage maintenant.
Vous avez particulièrement aimé "Tchernobyl - La zone" de Francisco Sanchez et Natacha Bustos (Des Ronds dans l’O), la bande dessinée qui a reçu le Prix Tournesol cette année à Angoulême 2012, un prix dont vous étiez la présidente du jury.
Il s’agit d’une très jolie bande dessinée qui parle d’un thème grave : qu’est-ce qui arrive dans un territoire après un accident nucléaire ? Natacha et Francisco montrent des paysans ordinaires, des citoyens ordinaires, dans leur vie ordinaire. Le trait est très simple, c’est en noir et blanc, et je dirais que le texte est très international, il peut être lu par tout le monde, parce que c’est surtout le silence qui domine dans cette bande dessinée. C’est très poignant, et je pense que Natacha et son scénariste Francesco, montrent bien l’ambiance désespérante après l’accident nucléaire. Cela nous est apparu s’imposer cette année après Fukushima pour ne pas oublier et pour voir ce que cela veut dire dans la vraie vie, avec de vraies personnes qui habitent à proximité des centrales. J’ai été à Fukushima, j’ai rencontré des citoyens japonais qui n’ont pas été évacués et qui habitent dans des zones contaminées et j’ai retrouvé dans cette bande dessinée une partie de leurs angoisses.
Propos recueillis par Didier Pasamonik
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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