Après avoir campé au zoo le plus proche, amassé des tonnes de photos, dépensé sans compter dans des livres d’anatomie, vous devez avoir envie de passer à de la SF space opéra en ce moment, non ?
(rires) Non, pas nécessairement, tous les genres de projets sont bons. Pride of Baghdad a effectivement demandé beaucoup de recherches, plus d’un an de travail. Et il y a effectivement un projet de SF dans l’air pour une maison d’édition chez vous...
C’est plutôt rare qu’on laisse autant de temps dans l’industrie du comics pour faire un graphic novel...
J’ai créé tout le visuel au complet, du dessin jusqu’à la couleur pendant un an, ce qui est plutôt rapide pour un livre de 128 pages... (rires)
Le style graphique est très réaliste, on voit les lions sous toutes les coutures, il y a aussi des ours... Comment s’est passé la genèse de ce projet, et l’avez-vous accepté pour le défi technique ou pour l’intérêt de l’histoire ?
J’ai contacté mon éditeur peu de temps après Barnum !, mon premier album. Je ne cherchais pas nécessairement du travail, et il me dit : "On cherche un artiste pour mettre en images ce projet avec des lions, se passant à Bagdad, écrit par Brian K. Vaughan". Déjà, juste en attendant le nom, je me suis dit "cool !" (rires), ça m’a branché tout de suite. "Par contre, ce projet de lions, qu’est-ce que c’est que ça ?" Mais dès qu’il m’a envoyé le synopsis, je l’ai lu en cinq minutes, et c’était clair que j’étais de la partie.
Pour amasser de la documentation, notamment pour les décors de Bagdad, vous avez travaillé avec des bloggeurs irakiens via internet, comment s’est passée cette collaboration ?
Non non. Ce n’est pas vraiment une collaboration. Je n’ai pas communiqué avec ces gens-là, j’ai seulement vu leurs blogs, il y en a tellement. Des superbes images, c’est merveilleux de voir ce qu’on fait aujourd’hui avec des caméras numériques. C’était parfait, toute la documentation était accessible, les édifices, les lieux, les ambiances de lumière... Dans l’album, il y a par exemple une scène avec une tempête de sable, réalisée à partir de photos de personnes qui étaient présentes.
Après ce graphic novel qui vous a valu d’être remarqué un peu partout, avez-vous envie de travailler pour l’industrie des comics de super-héros, ou voulez-vous absolument garder votre indépendance ?
Pour le moment, j’avoue travailler de tous les côtés en même temps. Je prépare un album de SF, et parallèlement, je gère divers projets pour Marvel et DC Comics, couvertures, histoires courtes... J’aime bien garder un pied de chaque côté.
Estimez-vous que votre inspiration vient plutôt de la BD européenne ou de l’industrie des comics ?
Ma jeunesse était plus nourrie par la BD européenne. J’ai découvert les comics assez tard. Je m’intéresse à tous les genres, y compris les mangas. Mais c’est clair que c’est la BD franco-belge qui m’a donné l’envie de me lancer.
Pensez-vous qu’avec un autre éditeur, le scénariste aurait été plus libre ?
C’est difficile d’imaginer un album comme Pride of Baghdad chez un autre éditeur que Vertigo. En ce moment, les éditeurs comme Marvel et DC Universe ne font que du super héros, il n’y a que Vertigo qui soit capable de soutenir un projet comme celui-ci.
Voir en ligne : Site de Niko Henrichon
(par Xavier Mouton-Dubosc)
(par Thomas Berthelon)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Acheter Pride of Baghdad sur internet
Lire l’article sur Pride of Baghdad
Cette interview ainsi que la chronique de Pride of Baghdad sont également disponibles en mp3 sur la page de l’émission radio Supplément Week-end
Photo : © Thomas Berthelon.
Illustrations : © Niko Henrichon/Vertigo.
Participez à la discussion