Une illustration aux aspects morbides, barrée des mots : « La fin est proche ! », tel est le mail que nous avons reçu, et avec nous tous les amoureux de la bande dessinée dite "indépendante". Il exhortait ses interlocuteur à acheter encore plus de livres des Requins Marteaux, seul moyen de trouver le financement qui permettra de sortir de l’impasse.
Nous avons rencontré Morgan Charpentier, administrateur des Requins Marteaux en charge de la comptabilité, l’évènementiel, l’éditorial, par ailleurs scénariste. Il revient pour nous sur l’actualité de l’éditeur néo-bordelais, une structure pas comme les autres ayant gardé son esprit punk.
Deux ans après, que reste-t-il du Prix du Meilleur Album à Angoulême pour le Pinocchio de Winshluss ? Rencontre, à Toulouse, en partenariat avec Radio FMR.
Les Requins Marteaux ont édité pendant quatre ans, le Ferraille illustré, d’abord en papier journal, puis en format magazine. Comment la diffusion en kiosque s’est-elle organisée ? Nous ne savons pas si les huiles Méroll ont bien perçu la manière dont vous parlez de leur fameuse huile miracle, qui sert à la fois pour le moteur et pour la friture ?
Plus sérieusement, la diffusion en kiosque est toujours difficile pour une structure comme la nôtre. Il faut imprimer de grandes quantités, placer beaucoup d’exemplaires pour que cela fonctionne. Et comme nous sommes toujours pris par des contraintes économiques, puisque Ferraille était édité sans vraie publicité...
Oui, rappelons que les pubs paraissant dans le journal n’étaient que des gags...
Voilà, donc c’est toujours difficile. C’est pour cela que nous avons arrêté la publication de Ferraille depuis quelques années. Nous n’excluons pas la possibilité de relancer une formule, mais pas en kiosque, enfin, pas pour l’instant. En fait, nous aimerions travailler sur un numéro spécial pour les Cent Ans du journal Ferraille.
Rappelez-nous la légende dorée de la formulation de ce pinacle culturel que sont les Requins Marteaux. Marc Pichelin et Pierre Druilhe ont été visités par les anges qui leur ont dit qu’il fallait rénover et trouver le sacré Graal de la bande dessinée punk qui commençait à s’encroûter...
Ah ! (rires) Vaste sujet ! Déjà, corrigeons un petit peu. Au départ, Les Requins Marteaux, ce sont Bernard Khattou, Marc Pichelin, et Guillaume Guerse. Et ce n’est pas que de la bande dessinée, mais de la création « jeune ». Donc il y a du rap, de la musique actuelle, et de la BD. Et c’est effectivement à partir de 1995-1996, quand Pierre Druilhe arrive dans la structure, que se lance Ferraille, et que cela part vers une spécialisation BD punk.
Et l’origine du nom "Les Requins Marteaux" ? C’est parce que "Scie égoïne" faisait trop penser à autre chose ?
Oui, mais nous ne savons pas exactement l’origine des Requins Marteaux. Comme nous ne connaissons pas non plus l’origine du mot "Ferraille" puisqu’en fait, la particularité des Requins Marteaux provient de notre structure à géométrie variable, qui appartient à ceux qui sont impliqués dedans. Depuis près de 20 ans, plusieurs personnes ont été impliquées, donc nous avons aussi plusieurs versions de ce qu’ont été les Requins Marteaux, de l’origine des noms, etc. C’est particulier, c’est bien, cela crée une sorte de légende obscure.
Il ne s’agit pas seulement d’édition, il y a aussi des performances artistiques, brassant la sculpture, le court-métrage, le dessin animé. Il y a même eu les Supermarchés Ferraille, le Musée Ferraille, qui a été unanimement salué à Angoulême. Cela vous a amené un public élargi ?
Alors, nous ne nous sommes jamais définis comme un simple éditeur, mais plutôt comme une structure qui travaille autour de l’univers de la bande dessinée et de la création contemporaine. Donc effectivement, lorsque nous parlons de BD, il est difficile de ne pas éditer de livres, mais l’idée était aussi d’organiser des expositions, des festivals, de réaliser des films...
Et très vite, quand nous avons commencé à organiser des expositions, il ne s’agissait pas de simplement placer des planches sous cadre sur un mur, mais plutôt d’imaginer des scénographies, et nous nous sommes rendus compte que c’était un très bon moyen de communication pour nous, car nous n’avons pas les moyens, en terme de com’, de nous payer de la publicité ou ce genre de chose. Et du coup, nous amenons un public à notre travail. Un bon exemple, c’est quand nous montrons le Supermarché Ferraille dans un festival de théâtre de rue, où le public n’est à priori pas du tout là pour de la bande dessinée, nous voyons des gens qui redécouvrent vraiment la BD.
Michel-Édouard Leclerc avait même visité votre Supermarché Ferraille !
Oui oui, nous avons des photos, des preuves ! (rires)
Il faut rappeler que c’est un grand amateur de bande dessinée, c’est une sacrée preuve d’humour de sa part...
Oui tout à fait, il avait adoré. Et c’est lié, parce qu’à l’époque, le festival d’Angoulême était justement en partenariat avec les supermarchés Leclerc, et l’idée était de se dire : comme les supermarchés ont l’air de s’intéresser à la bande dessinée, il serait peut-être temps que la BD s’intéresse aux supermarchés.
Qu’est-ce qui a été le plus fou ? Passer le magazine Ferraille d’un papier journal à une revue plutôt luxueuse, ou bien le Prix du Meilleur Album d’Angoulême 2009 pour le Pinocchio de Winshluss ? Parce que pour ce prix, il a fallu fournir tous les libraires de France...
Oui. Oh, cela a été difficile, de fournir tous les libraires de France, en terme de quantité, car nous sommes vite tombés en rupture de stock. Pour répondre à la question, je pense que cela reste le Musée Ferraille à Angoulême en 2003. Avec les Supermarchés, ces deux expositions ont permis de faire exploser les Requins Marteaux, et tout a suivi logiquement derrière. Le Prix du Meilleur Album a surtout récompensé Winshluss, il aurait pu sortir cet album ailleurs que chez nous, il aurait eu certainement le Prix de la même façon. Mais je suis content qu’il l’ait eu chez nous, parce que c’était important pour lui de le sortir chez les Requins Marteaux.
Maintenant, nous sommes en juin 2011, vous avez fait un communiqué public, disant que vous étiez en difficulté. Que se passe-t-il réellement ?
Nous travaillons avec une logique d’artistes, et pas du tout de gestionnaires, ni d’économistes et, à un moment donné, cela nous rattrape. Nous éditons donc des albums qui nous semblent pertinents à sortir dans le cadre d’une collaboration avec des artistes. Mais après, ces livres ont un petit peu de mal à se vendre. Mais comme nous essayons de réfléchir en termes économiques, pour ne pas faire tout et n’importe quoi, nous cherchons un équilibre entre les titres qui ont plus de potentiel public, et les titres qui en ont moins...
Pour permettre à des locomotives de tirer des wagons...
Voilà. Mais il se trouve que pour des raisons internes, nous avons eu des retards dans les publications, nous avons aussi déménagé à Bordeaux, ce qui fait que nos titres ne sont pas sortis suivant l’équilibre prévu, mais comme ils ont pu.
Les derniers livres ne se sont donc pas bien vendus et nous nous retrouvons avec des dettes vis à vis des imprimeurs, comme nous l’expliquons dans notre communiqué d’ailleurs. L’argent n’est pas perdu puisqu’il est sous la forme de livres. Il faut juste que nous le récupérions en les vendant.
Et c’est aussi pour nous une manière de faire un test, car depuis vingt ans que nous existons, tout le monde nous dit : "C’est génial ce que vous faites." Alors, c’est peut-être génial, mais si nos livres ne se vendent pas, cela ne sert à rien que nous continuions à en éditer. C’est donc une sorte de sondage.
Après, si nous arrêtons d’éditer des livres, ce n’est pas pour cela que les Requins Marteaux s’arrêteront, nous avons beaucoup d’autres activités, comme la production de films, d’expositions... Les Requins Marteaux restent un outil, mais nous ne pouvons pas continuer d’éditer des livres qui ne se vendent qu’à 200 ou 250 exemplaires, dans ce cas, il faut revenir à une formule fanzine.
Avez-vous réfléchi à un mode d’édition au coup par coup, en tirage très limité ?
Nous sommes en train d’y réfléchir, oui. Pas forcément à ce mode d’édition en particulier, mais à plusieurs possibilités différentes. Nous savons qu’aujourd’hui, nous ne pouvons plus continuer d’éditer des livres comme nous le faisons actuellement, sur des petits tirages entre 1000 et 1500, car cela coûte beaucoup trop cher à fabriquer. Du coup le livre coûte cher en librairie. Certains albums se vendent en grande surface autour de 10 euros, nous ne pouvons pas proposer un produit équivalent à 25 ou 30 euros. Il est condamné d’avance.
Au-delà des problèmes des Requins Marteaux, y a-t-il une vraie crise des indépendants ? Il y a vingt ans, Fréon, Ego Comme X, L’Association naissaient. Aujourd’hui, n’y a-t-il pas un désenchantement pour cette génération ?
Un désenchantement, je ne sais pas, car en vingt ans, il y a eu beaucoup de production. Nous connaissons bien ces éditeurs, ils sont tous fiers de ce qu’ils ont publié, même s’ils sont tous dans des difficultés financières également.
Non, ce qui s’est passé, c’est que vers la fin des années 1990, le travail des indépendants est un petit peu porté par le Persépolis de L’Association qui a permis aux petits éditeurs, nous y compris, d’obtenir une place dans les librairies.
Et à partir du moment où nous avons obtenu cette place, souvent marquée "éditeurs indépendants", les gros éditeurs se sont positionnés derrière, eux qui ne faisaient que du cartonné couleur, se sont mis à éditer des livres en noir et blanc, souples, etc... que les libraires, assez naturellement, ont rangé là où ils plaçaient nos livres.
Et comme dans ces collections-là, les gros publient deux à trois fois plus que nous, ils ont très vite pris la place (puisqu’en librairie, la place n’est pas extensible) des petits éditeurs comme nous, Ego Comme X, L’Association, même si grâce à Persépolis, ceux-ci ont réussi à garder une petite niche.
Donc dans les années 1990 jusqu’au début des années 2000, nos albums se vendaient grâce à cette explosion des éditeurs indépendants, puis nos albums sont à nouveau devenus invisibles. Par exemple, aujourd’hui, quand nous sortons une nouveauté, si ce n’est pas une star comme Winshluss (en plus, c’est une star restreinte), nous plaçons entre 200 et 300 exemplaires dans les librairies de France. Donc cela veut dire que dans la plupart des villes, il y aura une ou deux librairies qui auront un seul exemplaire de cette nouveauté. Autant dire que ce titre n’existe pas...
Donc dans ce cas, le fait que Winshluss gagne le Prix du Meilleur Album n’a eu aucune influence sur les ventes ?
Cela a bien sûr eu une incidence sur le livre Pinocchio, mais pas sur le reste, effectivement. Cela permet aux gens de nous connaître un peu plus, mais cela ne permet pas de diffuser mieux, car il n’y a de toute façon pas beaucoup de place en librairies, et cela ne permet pas de vendre plus car, comme je le disais, c’est surtout Winshluss qui a eu le prix.
Quelle a été la vision des Requins Marteaux sur la structure du Comptoir des Indépendants, liquidée en 2009 ?
C’est Latino Imparato, l’éditeur de Rackham, qui avait monté la structure, en collaboration avec des éditeurs indépendants, et principalement L’Association. Les Requins Marteaux ont été diffusés par Le Comptoir depuis sa création en 1999 jusqu’en 2007, quand nous avons changé de diffuseur. Je trouve dommage qu’une structure comme celle-là n’existe plus, même si nous l’avons quittée. Les gens qui y défendaient les titres faisaient du bon boulot et connaissaient leur travail.
Pendant un temps, vous étiez disponibles chez des disquaires indépendants, vous avez même créé un réseau, les Librairies Bisou. Comment est venue l’idée de labelliser cela, et qui peut en faire partie ?
Tout le monde peut en faire partie, mais il s’agit surtout d’une labellisation pour le fun.
Rien que le nom déjà... On imagine Franky venir faire un bisou avec sa moustache...
Des libraires font un gros travail autour des éditeurs indépendants, en mettant beaucoup en avant des livres différents. C’est donc quelque part une manière de les identifier. Mais en terme de diffusion et de distribution, cela ne change strictement rien, ils passent par notre diffuseur.
Cela permettait aussi de toucher un public qui n’allait pas forcément chez les libraires.
Oui, nous diffusons parfois en direct, chez les disquaires, dans les galeries d’art... Mais nous en faisons très très peu.
Cela doit prendre du temps.
Oui, il y a de la logistique, des frais de transport, des factures à faire, récupérer l’argent des ventes. Quand on multiplie ce genre de choses, cela devient presque un travail à temps plein. Nous travaillons justement avec un diffuseur pour ne pas avoir cela à faire. Parce que, qui s’en occuperait ? Il n’y a déjà plus aucun salarié dans la structure.
Être indépendant, sans argent, dans le contexte de la réduction des subventions publiques, au niveau national et des collectivités locales, est-ce encore possible ?
C’est justement la question que nous posons aujourd’hui, à travers cet appel à soutien. Voulez-vous qu’une structure comme celle-là puisse exister ? Si oui, il n’y a qu’un seul moyen : c’est acheter les productions que nous éditons. Si nous vendons nos livres, la réponse est oui, dans le cas contraire, la réponse est non. Et si nous ne pouvons pas payer les dettes que nous avons auprès des imprimeurs, les huissiers viendront et saisiront des livres, car ils ont une valeur marchande. Ce n’est pas de l’argent parti en fumée.
Vous n’êtes pas là dans une forme de marketing de la misère ?
Un marketing de la misère ?
Jouer les pleureuses pour demander aux gens d’acheter vos albums...
Je n’ai pas l’impression que nous jouons sur la misère dans le communiqué que nous avons envoyé. Par contre, dans les retours que nous avons eus, oui, un petit peu, dans le sens où à partir du moment où nous avons commencé à dire que nous allions peut-être crever, beaucoup de médias se sont montrés intéressés, alors qu’effectivement, quand nous envoyons nos liste de nouveautés, cela intéresse moins. Mais cela fait partie du jeu, j’imagine.
Ne pensez-vous pas que ce communiqué a pu risquer de faire fuir les gens, par son côté misérabiliste ?
Cela peut avoir un côté répulsif, comme l’inverse aussi, parfois, le fait de culpabiliser les gens fonctionne aussi, mais ce n’était pas notre objectif en tout cas.
Le succès de Marjane Satrapi et de l’Association n’a-t-il pas masqué le fait que l’édition alternative n’est qu’un long parcours de sang et de larmes ?
De sangria et de larmes ! (rires) Le succès de Marjane Satrapi permet encore une fois un gros coup de projecteur sur l’édition indépendante, et permet de montrer qu’on peut être un éditeur indépendant travaillant en dehors des normes commerciales et marketing, pour se concentrer sur la création et connaître un succès, et en l’occurrence un succès populaire.
Après, ce qui se passe dans l’édition indépendante est la même chose que ce qui se passe sur les labels indépendants en musique car, dès que l’on est en dehors d’un circuit mainstream, c’est difficile d’exister. Mais ce qui est bien dans le cas de Marjane Satrapi, comme de Winshluss, c’est que ce sont des gens qui restent fidèles aux éditeurs qui les ont découverts. C’est pareil en musique, il y a plein de labels indépendants qui font un défrichage et certains groupes signent ensuite avec des grosses structures.
Une question de Jacques G., de Grenoble : Pourquoi ne vous êtes-vous pas mis au manga ?
Déjà, parce qu’il y en a déjà beaucoup. Ensuite, nous travaillons sur une sensibilité, la structure appartient à ceux qui l’animent, et jusqu’à présent, chez les Requins Marteaux, aucun spécialiste de manga n’est entré. Dans ce cas, nous en aurions peut-être édités. L’autre raison, c’est que nous sommes dans une logique de création, et donc très peu sur de la traduction, et comme il y a assez peu de mangakas en France... Mais la possibilité d’éditer du manga ne nous est pas exclue !
Vous avez créé votre mythologie à la Marvel/DC Comics, vous éditez des beaux livres, des récits éclectiques comme dans la collection Carrément.. Pour vous en sortir, faut-il faire comme Treize Etrange et vous rapprocher d’un groupe ?
Cela fait partie des questions que nous nous posons aujourd’hui, mais nous ne sommes tellement pas spécialisés dans tout ce qui est juridique...
Vous êtes une association, théoriquement, vous ne pouvez pas avoir de trou...
Théoriquement, non. Même si nous en avons un gros. Nous avons fini 2010 avec un déficit de 45 000 euros.
Qu’est-ce qui vous a fait quitter Albi pour Bordeaux ? Les huissiers ou le manque de bars ?
Plutôt le manque de bars, on va dire (rires). Cela faisait quelques années que l’équipe en place avait envie de quitter Albi... Je n’aime pas trop les citations, mais celle-ci s’applique très bien : « Nul n’est prophète en son pays. » Nous organisons des expositions à Toulouse, à Bordeaux, à Paris, à Marseille, et nous avons 300 personnes. Nous organisons cette même exposition à Albi, et nous avons 20 visiteurs, dont 15 qui sont des potes à nous, et les cinq autres ont dû passer là par hasard. Je ne caricature même pas en disant cela.
Donc à un moment donné, nous organisions 5 à 6 expositions par an à l’Aquarium à Albi, plus le festival Rétine, et c’est beaucoup d’énergie pour pas grand chose. Nous ferions la même chose à Toulouse, nous aurions plus de monde. Après c’est une question de lieu, nous avons cherché sur Toulouse, et la proposition est en fait venue de Bordeaux, car nous cherchions un lieu un peu mutualisé, l’idée n’était pas de juste arriver, louer un local, et de s’installer là. Il fallait aussi trouver une dynamique de travail, nous l’avons trouvée sur Bordeaux et c’est plutôt bien.
Actuellement, le discours ambiant veut que deux choses sont en train de tuer la bande dessinée : la surproduction des éditeurs et le piratage sur internet. Avez-vous été piratés ?
Non, je ne crois pas.
Et la surproduction vous a-t-elle tué ?
Oui ! C’est évident ! La bande dessinée aujourd’hui se vend un petit peu moins que certaines années, en tout cas sur la majorité des titres, donc je pense qu’il y a une politique de la part de certains éditeurs de pallier leur manque à gagner, en multipliant la production. Ce qui leur permet de prendre plus de place en librairie, et d’éliminer la concurrence.
Comment trouver votre production ?
Dans les librairies, déjà. Toutes les librairies de France ne prennent pas nos titres, mais vous pouvez leur demander. Nous avons aussi un site avec notre catalogue...
Deux bouquins des Requins Marteaux que vous recommanderiez de découvrir, et tant pis pour les autres ?
Alors, à découvrir ou redécouvrir : nous venons de sortir l’intégrale de Flip et Flopi, par Moulinex, qui était paru à la fois en comics et dans Ferraille à l’époque.
Je rappelle quand même que Winshluss s’est mis à créer des bandes dessinées après avoir lu Moulinex, le livre est d’ailleurs préfacé par Winshluss. À l’époque, les gens avaient l’idée que la bande dessinée devait être limitée dans des cases, et Moulinex s’est autorisé des libertés qui ont fait dire à des gens comme Winshluss : "Moi aussi, je peux faire de la bande dessinée".
Et puis, j’ai aussi envie de citer Amandine Urruty, car il s’agit d’un autre aspect du travail que nous faisons, qui n’est pas que de la bande dessinée mais aussi de l’illustration. Pour défendre une fille aussi, car même s’il y en a de plus en plus dans la BD, il n’y en a pas tant que cela, et puis parce que c’est vraiment un travail intéressant qui trouve sa place dans notre catalogue sans pour autant être de la BD.
Propos recueillis par Thomas Berthelon et Xavier Mouton-Dubosc
Le communiqué de l’éditeur, envoyé le 20 mai 2011 :
« Bonjour à toutes et à tous !
J’espère que vous allez bien. Si je m’adresse à vous aujourd’hui c’est pour vous annoncer une bonne et une mauvaise nouvelle.
Commençons par la bonne... Et bien, la bonne c’est que nous sommes installés sur Bordeaux depuis plus de deux mois et que tout se passe à ravir. L’équipe est en pleine forme, nous avons endigué toutes les dépressions nerveuses et les tentatives de suicide se font de plus en plus rares... C’est sûrement dû à la proximité de la mer !
La ville est accueillante et il n’a fallu que quelques semaines pour s’intégrer au dynamisme culturel bordelais. J’en veux pour preuve l’exposition d’Amandine Urruty à la Mauvaise Réputation qui a pété tous les scores en terme de fréquentation. La première édition de la FMAC 33 (Fondation Meroll pour l’Art Contemporain en Gironde) à la librairie Mollat aura marqué à n’en pas douter les cœurs et les esprits… Il devrait en être de même lors de la future projection de Villemolle 81, notre dernier long métrage, qui sera organisé le 9 juin à l’Utopia.
La mauvaise, vous vous en doutez peut-être déjà c’est que nous sommes dans une sale passe... On peut invoquer pas mal de raisons, la crise qui touche le secteur, des livres de qualité certes mais difficiles et quelque peu onéreux… Mais c’est comme ça ! On aime chacun de nos bouquins et nous sommes extrêmement fiers de ce catalogue qui donne tant de sueurs froides à nos représentants et si peu de satisfaction à notre banquier.
Comment nous en sortir alors ? Nous sommes en train d’explorer plusieurs pistes. Premièrement, il est hors de question de couiner en vous demandant de faire des dons à notre gentille association. Non ! Non ! et re-non !
Pour régler notre problème de trésorerie, qui s’élève tout de même à plus 60 000 € (oui, 60 000), nous allons vous mettre face à vos responsabilités chers amies et amis des Requins Marteaux !
Car ces 60 000€ nous les avons ! Nous les avons sous forme de livres, de t-shirts et autres bienfaits de la société de consommation.
Vous les achetez ? Nous sommes sauvés ! Vous les achetez pas, et bien les Requins Marteaux finissent comme Jimi Hendrix !
Après tout pourquoi pas ? Bon je dis ça mais en même temps, non pas que ça me dérange de mourir dans du vomi et des supers accords de guitare, mais ça me briserait sérieusement les noisettes de fermer boutique !
Alors voilà, tout ce que j’ai à vous offrir, c’est une win-win situation !
Vous achetez nos trucs, on continue d’exister et du coup vous pouvez continuer d’acheter nos trucs et peut-être même vos enfants peuvent à leur tour acheter nos trucs et comme ça tout le monde est content ! Faites ce geste simple et nous serons sauvés… mais pour l’instant tout ce que je peux vous promettre ce sont des larmes et de la sangria !
Dans les jours et semaines à venir, les Requins Marteaux vont vous proposer un nombre impressionnant d’opérations commerciales destinées à renflouer nos caisses. Ventes de livres, d’originaux, projections de films, conférences, concerts, visites surprises chez nos amis libraires Bisous et patati et patata ! (vous pouvez déjà télécharger notre affiche de soutien ici et la placarder chez vous ou la distribuer dans la rue)
Voilà ! D’ici quelques mois nous saurons si une activité originale comme la nôtre a encore lieu d’être en 2011.
Et c’est VOUS qui allez en décider… Alors quelle qu’ en soit l’issue, tout ceci se terminera dans une Méga Fiesta dont j’ai le secret dans un endroit connu de moi seul !
Bonne chance à nous tous et big bibi de la part de…
FRANKY »
(par Xavier Mouton-Dubosc)
(par Thomas Berthelon)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Cette interview a été diffusée en direct dans l’émission radio « Supplément week-end » du samedi 4 juin 2011.
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En médaillon : Morgan Charpentier. Photo © Thomas Berthelon
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